[RP] Ambassade de Savoie

" Aucun édit défendant le commerce genevois sur nos terres n'a lieu d'être abrogé, excellence, puisqu'il n'y en a jamais eu de tel d'appliqué par chez nous.
Le Duc élu a précisé lors de son élection que sa justice n'userait d'aucune liste de têtes à couper sans enquête préalable et il a tenu son engagement.
Nos armées se sont mobilisées suite aux rumeurs provenant de votre cité, celle de la duchesse Azalée dont vous parlez n'a aucun rapport avec mon propos, et n'a jamais eu d'autre utilité en son temps que de nettoyer les brigands de nos routes après les plaintes des voyageurs malmenés.
Messire Tiberias ne se trouvait t'il pas à Genève avant que vous preniez vos dispositions pour interdire votre sol aux savoyards ? Ce n'est pas comme s'il se ruait contre nos lignes de défense comme l'a semble t'il fait la victime genevoise que nous déplorons. Vous êtes sans doute allé cueillir messire Tibérias dans sa chambre d'hotel où il devait se comporter sans troubler l'ordre public.
Je ne suis pas au fait de vos négociations avec le Parlement de Dôle, je n'ai donc rien à ajouter sur ce sujet. Il me semble que mes réponses devraient sans doute répondre à votre question, dans la mesure où vous savez, vous, ce que les comtois vous ont offert. "

Le fameux verre plus loin :

" Si cela se limitait à la vente de poisson, il n'y aurait certainement pas de procès de vos ressortissants. De plus l'Eglise n'impose rien à la Savoie, un concordat, comme son nom l'indique, implique qu'il y ait concorde entre les besoins des diverses parties signataires. Je trouve mal à propos d'user de mots comme "bûcher" alors que notre justice a requis un simple accompagnement à la frontière contre le sieur Medso, remplacé finalement par une journée de prison sur refus de l'accusé de se voir extradé. Jugeriez vous aujourd'hui barbares les mesures d'extradition que vous avez autrefois en personne vendues au duché de Savoie ? "

Il se racla la gorge pour éclaircir sa voix, avant de suivre son excellence Izaac qui l'invitait au verre de trop :

" Quant à mon avis personnel sur ce qui se passe dans les grottes des Alpes, excusez moi excellence, mais je ne crois pas que cela fera avancer notre débat. Il me serait sans doute agréable d'évoquer religion et spéléologie en d'autres circonstances avec votre personne, mais aujourd'hui je me contenterai du domaine du temporel et de la paix dans nos alpages. Il y a peut être plus d'habitants en nos terres que dans la seule cité de Genève, ce n'est pas pour autant que nous prenons les bruits de bottes à la légère. La sécurité de nos ressortissants est une priorité de la charge ducale. "

Songeur un instant avant de reprendre :

" Ai je répondu à vos questionnements ? Reste t'il un avantage que vous déplorez de pouvoir obtenir en Franche Comté et non en Savoie ? Nous pouvons signer un honorable traité de paix si cela pouvait rassurer nos peuples respectifs au sujet de nos relations, dissiper d'éventuels doutes, mais non pour changer notre politique interne. "

Après ces dernières paroles d'Izaac, le savoyard restait un peu dubitatif. Afin d'éclaircir la question de ce que désirait Genève, le Lézard entreprit finalement d'envoyer un émissaire à l'ambassade comtoise de la région. Il attendit alors le précieux renseignement en s'accordant une pause. L'émissaire revint, il révéla à l'oreille des deux diplomates étrangers quelle était la teneur de l'arrangement conclu entre les chancelleries de Genève et de Franche Comté, ainsi que quelques échos de Savoie. Il était temps pour Raoul de faire sa conclusion à son homologue républicain.


" Sieur Izaac, si les affaires sont en nos mains, nous rapellerons simplement que le Duché de Savoie vous offre des garanties concernant la liberté de commerce et de circulation sur nos terres, le respect de vos frontières et de vos institutions, des échanges d'ambassadeurs officiels avec votre contrée sans entrave aucune, la fin de la considération comme preuve des listes ennemies en question, un engagement défendant tout prosélytisme religieux où ingérance politique sur le sol de Genève pour la Savoie, un effort de paix et de démobilisation des armées aux frontières communes à la condition que la réciprocité soit de mise en tout ces points cités de la part de Genève envers la Savoie. N'est-ce pas là pour vous la juste mesure des choses ? "

Le savoyard esquissa une légère grimace lorsque son homologue évoqua des assassins au gouvernement, là ou le diplomate s'attendait à un doux euphémisme.

" Votre excellence, j'accepte volontiers un dernier verre pour la route, je vous remercie. Mais ensuite je ne vais point trop tarder à prendre congé de votre personne pour transmettre vos revendications au conseil ducal. Je ne doute pas que vous recevrez une réponse officielle claire et conciliante dés que le nouveau Duc sera choisi par ses pairs. Quand à moi je vais rendre mon tablier de chancelier à mon retour en Savoie, me sentant doucement pousser quelques cheveux gris, et je vous souhaite donc une bonne entente avec mon successeur. Sans doute nous recroiserons nous un jour sire Izaac. "

C'était ainsi que le savoyard quitta la chancellerie genevoise, visiblement apaisé par les nombreux apéritifs servis par la diplomatie de la République. C'était pas si mal après tout Genêve, se disait t'il en retournant gaiement vers le carrosse.

" On peut vous raccompagner si vous voulez."

Le savoyard avait poliment décliné l'offre d'accompagnement en pénétrant le carrosse, mais à mesure qu'il faisait chemin retour vers le Lac, la fausseté de ces dernières paroles voyait son écho grandir dans le cerveau du Baron jusqu'à lui donner le mal de crâne. Etait t'il tombé dans un piège en venant tenter la diplomatie auprès des genevois ? N'auraient t'ils pas mieux fait d'écraser sans négociations la vermine qu'ils étaient ? Il ordonna au cocher de faire galoper les chevaux à bride abattue en direction du château de Chambery, et l'équipage se rendit compte que déjà de la fumée inhabituelle s'échappait de certaines murailles, la prévôté sonnait les cloches pour prévenir que l'envahisseur genevois venait d'échouer cette nuit là dans sa première offensive. La guerre était déclarée.

Que nous vaut le plaisir de votre visite, madame ?

Edjerha leva un sourcil.

Nous nous sommes croisé à Berne vous souvenez-vous ? Vous m'aviez demandé où nous pouvions nous rencontrer. Elle lui sourit. Votre trop grande occupation de ces semaines passées vous font oublier certaines choses, mais je ne vous en tient pas rigueur.

(si vous m'aviez pas envoyé de mp 'ou voulez vous qu'on se rencontre je n'aurais pas sollicité de rencontre...)

Il est juste vieux, dame... lâcha Pons d'Agoult dans son coin. Il sert pour la déco' là!

Le chevalier vint chercher le mannequin de cire qui trônait à l'accueil de l'avoyerie pour le ramener à son placard.

Edjerha rit.

Messire pourriez-vous notifier au vrai Chancelier que j'aimerais m'entretenir avec lui depuis nos salutations promptes à Berne ? Ce serait fort aimable à vous. Elle lui sourit et attendit sagement comme à son habitude.

Un regard en coin. Il dévisagea son interlocutrice...

De la part?

Entretemps, le Provençal poussa Izaac jusqu'à la porte la plus proche. Il lui semblait qu'il freinait des quatre fers le bougre.

[syndrome de l'Enterprise oblige]

Madame, je suis Izaac Dusalève, chancelier de la république de Genève.

Madame, je profite de votre présence pour vous assurer de notre volonté d'en finir avec la guerre. Puisque chez vous on envisage d'assiéger Genève très bientôt, de la meurtrir, de la retourner, de lui faire toutes sortes de misères que la décence m'interdit de nommer, j'envisage de demander directement le rattachement de Genève au duché de Savoie. Cela nous fera gagner du temps du sang et des larmes inutiles et nous serons alors en mesure de présenter une liste aux élections pour le conseil ducal. Nous perdrons ces élections, comme il convient et par politesse pour nos nouveaux hôtes. Je vous l'assure.

Madame, nos doléances n'ont pas changé. Afin de discuter sereinement du retour d'Annecy dans le duché, nous demandons la fin des proscriptions pour tous les genevois - j'ajouterais volontiers, tous les Helvètes, au vu des renforts qui nous sont venus - ainsi que la libre circulation de nos marchands, sans conditions discrétionnaires de laissez-passer hors des périodes martiales. Nous accordons la réciproque, je ne vois pas où le bât blesse pour vous.

Je rabache. c'est l'âge, me direz vous. Que les proscriptions cessent et nous rentrerons chez nous. Ces listes de proscrits, je trouve ça tout à fait barbare. Poutrer n'est pas juger. Mon coté humaniste, sans doute...

Madame, poutrer n'est pas juger.

J'ai été juge assez longtemps pour exécrer ces lynchages sans procès. L'esprit de la charte des juges des royaumes interdit les doubles peines. Soit on juge, en procès, dignement. Soit on proclame l'état martial et on laisse libre court aux massacres, aux larmes et aux traitements les plus indignes pour les prisonniers de guerre. Oui, je sais que vous n'avez pas signé la convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre, vous. Confier sa justice au sort des armes ! Dans quelle époque vivez-vous ? Pourquoi ne pas vivre en pagne de fourrures, sodomiser son épouse et ses filles, peindre avec les mains sur les murs des grottes, manger de la viande crue et proclamer qu'il faut suivre les édits d'une assemblée de prélats pour adorer Deos ? ! Ces poutrages, hors temps de guerre, ne sont rien d'autres que des colères de marmots qui trépignent quand on leur a cassé le petit charriot de pompier.

On nous reproche nos fréquentations ? Que nos soldats sont des criminels ? Qu'ils ne méritent pas de vivre ?

Qu'est-ce qu'un crime, madame ?

Assassiner un homme ? Voler les caisses d'une cité ? Sans aucun doute. Mes amis des compagnies franches sont des criminels, sans aucun doute. Selon les lois des duchés où ils ont commis mille forfaits. Quant à la Justice Universelle, personnellement, je la réserve à Deos. Le jour du Jugement.

Je m'interroge. Tuer en guerre, est-ce un crime ? Piller en guerre, est-ce un crime ? Si la réponse est négative, alors mes compagnies franches ne sont pas criminelles ici. Si en revanche elle est positive, alors vous êtes entouré de bien davantage de criminels que moi, madame. L'ost des français a gravement occis en Provence l'an passé. Durant six longs mois. Et je ne cause même pas des victimes de la guerre d'avril 56.

Sommes nous là à nous interroger sur nos fréquentations ? J'ai moi-même laissé pour mort votre ancien duc et cousin, j'imagine, Charles Marie de Talleyrand, il y a moins d'une semaine. Demain, vous dinerez peut-être avec celui qui tranchera ma tête. Souper du crime ce soir et de la vertu demain ?

Je vous dirais que je préfère avoir pour ami un brigand qui vous allège les bourses mille et une nuits qu'un spadassin tellement désoeuvré chez lui à Dijon qui s'en vient montrer son pavoi pour un Empereur qui n'est même pas son suzerain et qui vous abandonne estourbi au bord d'un chemin creux quarante cinq jours en chantant Saint Bynarr.