[RP] Ambassade de Savoie

Vous avez fait bonne route ? Pas de souci avec notre armée, au moins ?

C'est là. Je suis le chancelier, monsieur l'Ambassadeur.

Au sein de la voiture restaurant de la chancellerie ducale, cahotant sur les routes caillouteuses des alpages et contournant le paisible Leman à destination de la cité de Genêve, Montjoie devisait avec la vice chancelière autour d'un agréable repas. Quelle belle vue avait on sur la prison politique de Chillon depuis la côte helvète, pas étonnant que celà n'éveille de temps à autre des vocations par delà les eaux glacées du Lac, marmonnait le lézard dans sa barbe. C'est alors qu'un poisson, pané et bien cuit, lui échappa des mains tandis qu'une roue avait percuté une illégularité de la chaussée, le poisson retournant à la liberté des eaux bordant le chemin, provoquant sans doute la curiosité de ses congénères encore pourvus d'écailles et un gargouillis de dépit dans l'estomac du chancelier. Quel gâchis.

Après tout, se disait messire Raoul en mâchouillant, c'est un peu le lot de la réforme aristotélicienne en marche en Occident. Le cuisinier de l'inquisition avait beau cuisiner, le poisson réformé demeurait insaisissable dans sa poele, et avec un peu d'huile qui caractérisait le fond de l'assiette politique, c'était souvent le diplomate qui finissait avec une tâche sur le pantalon.

Son excellence sourit à sa partenaire en voyant apparaître la chancellerie de Genêve par la fenêtre de la voiture. Le Canton était souvent représenté par des hommes éloquents, la journée ne serait certainement pas ennuyeuse.

" Enfin, nous y sommes. Cocher, si tu as besoin de te dégourdir les pieds, fais annoncer l'ambassade savoyarde au maître des lieux. "

Pendant que le cocher boitillait vers la garde, Raoul proposait son bras à son excellence Pisenlit pour l'aider à mettre pied à terre.

edit : déplacement pour le plaisir de la lecture

En route vers Genève accompagnée par le Chancelier, Pisenlit ne pouvait faire autrement que de penser. Elle n'était que très peu locace car elle savait que la journée risquait d'être longue, même très longue.

Elle admirait par le fait même le paysage car elle n'avait jamais été vers cette direction. Lorsque son Excellence Raoul disait qu'ils étaient arrivée, la jeune brunette souriait en ce disant enfin.


Lorsqu'il lui présentait son bras elle le prit délicatement pour descendre doucement

Merci Excellence, vous pensez qu'ils nous recevront rapidement

Elle qui avait l'habitude de sourire le faisait a cette instant que du coin des lèvres

M'dame, des savoyards à l'avoierie....

Ploc, ploc
Deux doigts qui tapent la surface de l'eau.

Des marchands ?
Ca peut bien attendre demain que je revienne à mon bureau ou mieux, montre-leur où trouver Schmurtz.
Il leur dira que commercer avec des impolis, ça ne nous interesse que moyennement....

Le garde envoyé par le concierge de se tordre les mains et n'osant s'aventurer plus en avant dans la pièce....

Ben heu...Non, M'dame, ce serait des ambassadeurs....

Des ?

Remous dans l'eau, sont venus à combien ? Faut-il prévenir la Garde ?
Se sécher, s'habiller, s'armer, quoi...

Deux, m'dame.

Ah...Bon, c'est plutôt au V... Heu, au chancelier qu'il faut les annoncer, alors.
Moi, je suis très, très occupée, tu vois.
Non, ne t'avise pas de regarder, file !

Et de se refaire passer l'éponge moussante sur elle.
Cela faisait combien de mois que les savoyards ne leur répondaient pas, 6 mois, 8 ? Plus ?
Pouvaient patienter le temps d'un bain, flute !

Le chancelier savoyard répondit à sa collaboratrice alors que les deux diplomates se rendaient en face des portes toujours closes :

" Sans nul doute que nous serons bien vite reçus, même si l'on dit habituellement l'helvête lent de par sa nature, je lui soupçonne quelques ressources et un intérêt certain à nous entendre. N'ayez crainte excellence, ce n'est pas comme si nous arrivions le ventre vide. Je me demande si leur dernier émissaire a eu l'occasion de les avertir de notre précédente discussion, je crains que la recette d'hydromel d'Aristote n'ait eu raison de la fin de notre entretien en Savoie."

Montjoie était d'humeur à plaisanter, néanmoins se forçait t'il à garder son air de circonstance, sérieux et détaché. Redoutant toutefois qu'on le laisse un temps planté là, il se mit à se bourrer une pipe en scrutant discrètement les meurtrières qui avaient vue sur le pas de l'entrée, et autres menaces potentielles. Pendant ce temps le brave cocher vaquait à ses occupations, remettait en état l'attelage et donnait du foin et de l'eau à ses chevaux.

Au cas où on oubliait d'ouvrir, le vieux Baron frappa trois coups secs du pommeau de sa canne sur le bois de la porte.

La vice-chanelière souraiit au chancelier. Elle espérait que ces gens ne les laisserait pas dehors longtemps. Elle avait horreur d'attendre quand tout pourrait se régler rapidement et facilement. Après tout les deux savoyards étaient des diplomates donc ne voulaient en aucun cas du mal à ses gens.

Après que le Baron ait frappé à la porte, quelqu'un est venu à leur rencontre, elle lui adressait le plus beau des sourires pour signifier qu'ils étaient la que pour parlemanter.

Bonjour,

Je crois que vos sources sont bonnes, nous sommes effectivement Savoyard. Je vous présente le Chancelier le Baron Raoul de Montjoie et je suis Pisenlit Montrevault Dame de Lescheraines, Vice-Chanceliere et Bailli de Savoie.

Merci pour votre ofrre mais nous avons pu nous alimenter lors de notre trajet qui je devrais dire s'est très bien dérouler. Le paysage est de toute beauté. Il faudrait complimenté Dame nature.

Elle lui fit un autre beau sourire tout en regardant doucement l'homme

Donc, serait-il possible que nous puissions renconter le chancelier S'il vous plaît. Nous aimerions pouvoir discuter dans un lieu un peu plus privée que devant une porte.

Ce n'était pas la première fois que le chancelier savoyard rencontrait le sieur Izaac mais celui-ci ne semblait pas l'avoir reconnu, il faut dire que les dernières années n'avaient pas épargné les rides du savoyard qui parcourait les chemins pour son duché. Il s'inclina légèrement en guise de salutation pendant que l'ambassadrice faisait les présentations. Alors que le genevois se faisait sarcastique, il ne se laissa pas perturber. Il avait néanmoins réponse à sa précédante question, son dernier hôte émissaire de Genêve n'était certainement pas adepte de la remontée des informations à sa hierarchie.

" Un honneur de vous rencontrer excellence, vous me voyez ravi par votre sens de la réception. Vous nous attendez depuis Juin ? Interressant, mais curieux. Peut être ai-je offert l'hospitalité à quelque imposteur qui avait soif il y a peu, ce qui expliquerait certaines choses. Je ne suis à mon poste que depuis fin Aoùt et j'ai reçu depuis en notre institution le citoyen Nicbur qui disait représenter le canton en nos murs. Aurait t'il abusé de ma confiance ? "

Tout en bavardant, messire Raoul suivait le diplomate de la République à travers couloirs encore inexplorés.

On dit parfois que les meilleurs arguments d'une chancellerie, ne sont autres que ses caves et sa cuisine. Messire Raoul s'installa donc à table sans se faire prier, mettant momentanément de côté les intérêts du Duché au profit d'une douce tartine de miel et son vin jaune en accompagnement. Il rompit le pain offert, tout en prêtant l'oreille aux paroles de son excellence Izaac. Le ton était donné, la communication entre les deux duché avait connu des lacunes et l'atmosphère du repas, bien que courtoise s'en ressentait. Le savoyard n'était aucunement surpris du langage sans détour de son homologue et il répondit sans hausser le ton en question.


" Je vous comprends chancelier, je ne suis pas venu causer petites humeurs soyez en assuré, j'espère que nous parviendrons à trouver un terrain d'entente afin d'éviter tout malheur dans nos alpages.

Izaac offrit de présenter le compte des griefs retenus par Genève contre la Savoie.

" Il parait que les bons comptes font les bons amis, je vous écoute excellence. "

Le genevois avait évoqué des ennuis de serrures ainsi qu'un édit sur l'état des frontières savoyardes, Montjoie répondit.

" En effet, nos frontières sont fermées, certaines rumeurs font écho que votre république aurait des envies belliqueuses à notre égard. Nous avons entendu les bruits de bottes comme vous le soulignez, oui, mais vous devez vous douter qu'en aucune façon ce type de manoeuvre ne saurait appuyer le poids de quelques doléances que ce soit. Pour ce qui est de vos ennuis de clés en nos murs, je vous prie de vouloir nous excuser, l'intendance change les serrures des ambassades après une absence significative, mais nous vous changerons les clés sur simple demande. "

Etait venu le temps des lamentations à propos de la vie dure visiblement menée aux bons citoyens de Genève par leurs voisins impériaux. Le savoyard ne put réprimer un léger sourire.

" Excellence, je vous trouve dur à l'égard des provinces impériales qui partagent vos frontières occidentales. Depuis mon installation sur les terres du duché il y a deux ans, je n'ai connu aucune agression savoyarde à l'encontre de Genève, et dernièrement, je crois être en mesure de témoigner que le Saint Empire d'une seule voix s'est insurgé contre l'idée d'une croisade qui en voulait à vos remparts, allégeant certainement la populace genevoise de quelques inquiétudes. Soit, vous en retiendrez ce qui vous arrange, nos provinces aristotéliciennes n'ont pas cherché à éviter cette guerre pour recevoir des fleurs en retour. Seulement je ne puis vous autoriser à prétexter que vos citoyens sont proscrits sur nos terres, loin de là en réalité. Nullement votre population n'aurait de raison de se sentir menacée par notre politique tandis que vous vous plaigniez d'autre part de notre discrétion silencieuse. Mais en Savoie il y a des lois excellence, et celles-ci comptent pour les ressortissants étrangers comme pour notre peuple. Si les contrevenants refusent de se plier à nos règles où de se voir extrader pacifiquement, ceux-ci encourent le jugement que le droit prévoit dans ces cas extrèmes, et il n'y a aucune animosité diplomatique à en retenir me semble t'il. Que comptez vous faire de toutes ces bottes ? Nous lancer un ultimatum pour contester les jugements de Justice de notre duché ? "

Le chancelier savoyard avait laissé un court instant de silence qu'il mit à profit en se remémorant les dernières paroles entendues de son Duc et de ses éminents conseillés. Il souhaitait exprimer en peu de mots la position inébranlable de sa province, et rentrer au plus vite afin de faire son rapport sur la situation.


" Excellence, je vais tenter de vous résumer la position de notre Duché sur ces divers points que vous soulevez.

Qu'on se le dise, il n'y a en Savoie aucune proscription mettant d'innocentes têtes à prix pour de fallacieux motifs. Le genevois de la nuit passée a été occis ou blessé, pour violation de notre édit quant à la fermeture de frontière. La loi martiale prévaut actuellement et qui la traite à la légère se met en danger. Que faisait cet homme dans cette zone interdite ? Nos armées, que vous avez contribué à faire lever en nous menaçant, ont pour ordre de tirer à vue sur tout voyageur suspect contrevenant à cet édit, et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vos manières de sonner les cloches lorsque vous ferez le décompte des victimes. Les genevois Nicbur et Ange_dechu que vous citez ont été jugés coupables et sentence fut sans doute appliquée à leur égard sans vous consulter, mais ils ont été jugés ainsi de manière légale pour méfaits commis en Savoie où sur le sol d'une province alliée avec laquelle nous coopérons sur les sujets de justice, cela n'est pas de mon ressort mais si contestation il y a, je ne saurai que vous rediriger vers la Cour d'Appel Impériale compétente pour ce type de réclamation. Le Duché de Savoie ne peut se laisser dicter de lois de la part d'aucune chancellerie étrangère, vous insulteriez notre souveraineté en imaginant qu'il puisse en être autrement.
Par contre pour ce qui concerne d'éventuels accords commerciaux, aucune discrimination ne vise votre peuple, aucun édit en temps normal n'empêche vos marchands à faire commerce avec nos bourgmestres, rien n'empêche la circulation de navires commerciaux sur le Rhône, les votres ont droit à tenir une ambassade officielle sur nos terres depuis belle lurette. La Savoie est désireuse d'entretenir des rapports cordiaux avec la cité de Genève, nous avons toujours respecté nos différences tant qu'elles respectent nos frontières.
Un traité de paix honorable désirez vous ? Vos revendications le sont t'elles toutes ?
En ce qui concerne la pratique du culte réformé sur nos terres, cela est autorisé dans les lieux privés, proscrit dans les lieux publics, et aucun changement n'est prévu à notre concordat à ce jour. La libération de ce criminel qu'est Medso, est tout bonnement impossible sur commande, il sera libéré une fois sa peine purgée si cela n'est pas déja le cas, sachez néanmoins pour votre information qu'il a refusé l'extradition pacifique vers Genève et a continué de défier nos lois par la suite, aggravant son cas contre toute raison. Pourquoi défendriez vous ce provocateur ? J'espère que votre cité ne se laisse pas manipuler par le premier vagabond venu sous prétexte qu'il fait preuve d'un beau coup de pinceau. Nous ouvrirons nos frontières sans condition à votre peuple lorsque Genève ne sera plus perçue comme une menace pour nos sujets. Evitez d'encourager s'il vous plait l'amalgame entre l'inquisition et notre duché, vous vous rendez ainsi coupable du même amalgame que vous critiquez chez le savoyard qui confondrait réforme et République de Genève. Nous, diplomates, sommes au dessus de ce type de considérations.
Genève souhaite être traitée honorablement ? Que Genève se comporte alors de manière honorable et elle recevra réponse affirmative. Si le souhait de Genève est d'imposer ses lois à notre peuple savoyard, de libérer ceux qui mettent nos terres à feu et à sang au mépris de la justice que nous appliquons selon notre bon droit, la république n'obtiendra alors aucune réponse favorable de la Savoie. "